Bernard Friot a fait paraître il y a quelques mois, en 2023, un petit livre intitulé « Prenons le pouvoir sur nos retraites. »
Au moment où nous sommes engagé·es dans de multiples luttes sur la retraite (AVS, 2ème pilier, prestations complémentaires), ce texte est un outil précieux.
Nous vous invitons à une lecture critique de ce livre le lundi 5 février, à 19 heures, à la Maison du Peuple, Lausanne (salle indiquée à l’entrée).
Elle sera l’occasion de retravailler les positions de Bernard Friot sur le salaire à vie, les liens entre salaire à vie et retraite, la portée communiste du combat pour un salaire politique, libéré de la valeur capitaliste assignée au travail.
« Prenons le pouvoir sur nos retraites », reprend systématiquement les thèses de Bernard Friot et fait le point sur ses conceptions novatrices. Le livre insiste sur le lien, partiellement conquis par le mouvement ouvrier français, entre retraite et salaire à vie.
En Suisse, nous sommes bien loin de la situation française. Ici la lutte ne vise pas immédiatement le maintien d’une retraite basée sur un salaire continué. Mais l’objectif du salaire à vie est bien présent, dans la tension et dans l’objectif que portent nos luttes. Bernard Friot appelle à passer à l’offensive. Cela passe pour nous, ici et maintenant, par la construction d’un contre-pouvoir qui nous permette d’imposer des avancées : un revenu qui permette à chacun·e de vivre décemment et la transformation radicale du système, notamment pour le 2ème pilier et les prestations complémentaires. Dans cette dynamique, le combat pour arracher le salaire à vie oriente notre action et définit notre horizon.
La proposition de Bernard Friot est une contribution décisive pour avancer dans la construction d’un rapport de forces favorable aux revendications et aux aspirations des salarié.e.s, en tension avec la proposition d’une transformation sociale radicale. Nous l’avons abordée par une lecture collective de son livre d’entretiens « Emanciper le travail ».
Bernard Friot défend une émancipation concrète, qui se déploie en trois points forts constituant un faisceau de revendications révolutionnaires. Celles-ci permettent d’orienter des luttes, d’ouvrir des chemins politiques, de construire des avancées stratégiques vers le pouvoir populaire :
Le salaire à vie, lié à la qualification et à la personne;
Le statut politique de producteur.trice, rompant avec la subordination qui nous plie; travailleurs et travailleuses, au pouvoir de commandement et à l’exploitation capitaliste;
Le mouvement de socialisation de l’économie, avec la conquête de la propriété d’usage.
auteur de « Vaincre Macron », « Puissance du salariat »,
« Emanciper le travail »
Jeudi 3 mai, à 19 heures, à l’Université ouvrière, Place des Grottes, Genève
Est-ce que quelque chose de nouveau se produit ? La question peut désormais être posée. On commence à abandonner les chemins battus.
Avec le mouvement social initié en France par les cheminotes et les cheminots en fer de lance et qui s’étend aux étudiants, aux éboueurs, aux travailleuses et travailleurs du secteur de la santé, aux employé(e)s de Carrefour, à la fonction publique, à Air France, aux retraité(e)s, les contours d’un autre monde se dessinent.
Le salaire à vie, un autre rapport au travail, un véritable statut du producteur, la propriété d’usage des outils de travail et des entreprises, sont des vraies réponses aux exclusions actuelles, à la jeunesse précarisée, à l’exploitation impitoyable des travailleuses et des travailleurs, à l’éradication des vieux.
Comment vaincre Macron, et donc le Medef ? En retrouvant la fierté de notre histoire populaire, qui est une histoire d’émancipation du travail, pour sortir le débat public de la fange de la xénophobie et prolonger les conquêtes du mouvement ouvrier au XXe siècle. Le temps est venu de donner un contenu économique concret à l’audace démocratique de l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : les humains naissent et demeurent libres et égaux en droits. Toute personne majeure résidant sur le territoire national doit être dotée de trois droits inaliénables : la propriété d’usage de l’outil de travail afin de faire les choix majeurs dans l’entreprise ; la participation à la délibération des caisses chargées de subventionner l’investissement à la place du crédit bancaire et des groupes capitalistes ; le salaire à vie afin que, assurés de notre reconnaissance sociale, nous décidions au travail en toute liberté. En prenant en main l’investissement et les entreprises, nous vaincrons Macron, et nous sortirons la production de la folie écologique, anthropologique et territoriale du capitalisme.
Pour les personnes intéressé•e•s à aller plus loin, Bernard Friot sera également présent pour une discussion autour de la théorie de la valeur dans son œuvre, dans le cadre du séminaire inter-labos « valeur, valuation, valorisation » (UNIL-EPFL), le jour même de 15h-17h à l’Université de Lausanne – Géopolis 5799
Bernard Friot est sociologue et économiste, professeur émérite à l’Université Paris-Nanterre. Il est fondateur de l’Institut Européen du Salariat et animateur de l’association d’éducation populaire « Réseau salariat ». Depuis plus de 20 ans, sa relecture radicale de la protection sociale et de son histoire renouvelle en profondeur nos conceptions du salaire, de la valeur, du travail, du capitalisme et des voies de l’émancipation.
Evénements organisés avec le soutien du LACCUS-ISS, du séminaire inter-labos « valeur, valuation, valorisation » (UNIL-ECPG), du Groupe Regards Critiques de l’UNIL et du Réseau Salariat de Suisse romande.