Lecture critique à propos des « Commentaires sur la société du spectacle » de Guy Debord

L’Ami·e du Peuple (AdP) organise une nouvelle lecture critique. Venez et faire venir. Débattons avec passion.

Le spectacle entre mensonge et domination
Lecture critique, lundi 25 mars, 19 h, Maison du Peuple, Lausanne
A propos des « Commentaires sur la société du spectacle » de Guy Debord

« L’image construite et choisie par quelqu’un d’autre est devenue le principal rapport de l’individu au monde qu’auparavant il regardait par lui-même, de chaque endroit où il pouvait aller. »

Les images accumulées en spectacle nous encerclent. Elles sont un dispositif dans le commandement, elles manifestent une entreprise systématique d’expropriation de notre parole, de notre regard, de nos émotions.

Cette version inversée de la réalité, il nous faut la rompre. Ce que le spectacle poursuit systématiquement, pour chaque élément de la réalité, c’est n’est pas seulement de nous mentir ou de nous manipuler par une communication aliénée mais de nous soumettre, de nous enjoindre au silence, de nous tenir dans le rite de la soumission.

Le spectacle nous dit, toujours, partout, sur tout, que rien de ce que nous désirons n’est possible.

Il ne s’agit pas pour le bloc dominant, dans une politique de communication manipulatoire, de rendre vraisemblables les discours mensongers mais d’obtenir inconditionnellement notre acquiescement et notre résignation quel que soit le discours autorisé et tenu.

Mais le spectacle peut être atteint, frappé, systématiquement non cru, critiqué, moqué, détourné.

La faille, l’interstice, la fêlure puis l’effritement et l’écroulement, voici la destruction que nous pouvons infliger aux images coalisées du spectacle. A la base de cette puissance critique, il y a la lutte, le mouvement réel qui nous émancipe dans ce moment du capitalisme que pressentait Paul Mattick :

« Personne n’est en mesure de prédire l’ampleur de la dépression, faute de données pertinentes. Mais tout le monde est confronté à la crise réelle et doit y réagir, la bourgeoisie à sa manière, la classe ouvrière de manière opposée. Dans les périodes de relative stabilité économique, la lutte ouvrière elle-même accélère l’accumulation du capital, en forçant la bourgeoisie à adopter des méthodes plus efficaces. Accroître la productivité du travail, de manière à conserver un taux de profit nécessaire. Les salaires et les profits peuvent augmenter ensemble sans perturber l’expansion du capital. Une dépression met cependant un terme à cette hausse simultanée (quoique inégale) des profits et des salaires. La rentabilité du capital doit être rétablie avant que le processus d’accumulation puisse reprendre. La lutte entre le travail et le capital implique désormais l’existence même du système, liée à son expansion continue. Objectivement, la lutte économique ordinaire prend des implications révolutionnaires et donc des formes politiques, car une classe ne peut réussir qu’aux dépens de l’autre. La classe ouvrière n’a pas besoin de concevoir sa lutte comme la voie de la révolution ; dans un état de déclin capitaliste persistant, ses luttes prennent des connotations révolutionnaires au-delà de toute conscience. »

Johnny